« Une
société qui ne cultive pas les graines du souvenir est un jardin sans fleurs appelé à disparaitre » c’est la phrase que j’ai eue en tête alors même que j’étais invitée à
participer à une conférence en amont des commémorations
du centenaire de la 1ère guerre mondiale.
Attachée au devoir de mémoire je reste admirative devant le travail accompli par tous ces passeurs de mémoire pour sauver de l’oubli celles et ceux, héros ordinaires ou pas, qui ont
donné leur vie pour leur pays, en l’occurrence pour la France. A la veille de nombreuses commémorations, c’est aux 142 poilus de Moirans, inscrits sur le monument aux morts dont il était
question. D’ailleurs, « Sauver de l’oubli ceux de 1914-1918 » est bien plus que le titre d’une conférence pour André Bouisson, officier en retraite et membre du Souvenir Français. C’est le
fruit d’un long travail d’archives et d’enquêtes pour remonter le temps.
Un travail mené conjointement avec Anne Marie Coste
du service des archives de la ville de Moirans et Armand Garcia responsable de l’Union Nationale des Combattants dans le cadre de la préparation des manifestations commémorant le centenaire de la 1ère guerre mondiale.
C’est devant une salle pleine qu’André Bouisson a relaté le parcours de ces poilus moirannais, héros d’une guerre qui devait faire 1 397 800 tués, morts ou disparus et qui laissait une France exsangue.
Moirans vit ainsi partir 700 hommes de la commune, en majorité des cultivateurs et des journaliers dont le plus jeune avait 19 ans et le plus âgé 49 ans.
Remontons le temps. Eté 1914, fin juillet… A Moirans comme partout en France, on vit, on travaille, on s’amuse dans cette bourgade de plus de 3800 âmes à l’activité
économique florissante. Ici les ouvriers des papeteries Barjon, les usines de tissages et les tuileries. Là dans les coteaux et la plaine, l’activité agricole, bat son plein. Les écoliers sont en vacances et même la
municipalité s’active pour l’installation des bains douches… Pendant ce temps, la menace gronde… c’est ainsi que l’histoire s’écrit à Moirans. Mais le dimanche 2 aout 1914 sonne la mobilisation
générale. Ces soldats, qui deviendront les poilus au pantalon rouge, partent pour le front. Des poilus qui à Moirans trouveront la mort dès les premières semaines, le 21 septembre 1914 marquant l’année noire
des moirannais.
André
Bouisson relate avec force détails ces tranches de vie de la Grande Guerre et la fin tragique, au front ou au cours d’évènements
collatéraux, de soldats dont les yeux s’éteignirent pour certains alors même que la France clamait sa délivrance.
Comment ne pas être émue à la lecture de lettres de poilus, précieusement conservées par leurs familles et qui, en quelques lignes seulement, montrent l’ampleur
des combats et le désarroi de ces hommes. Un travail de mémoire pour que chacun se souvienne du sacrifice des combattants.
Le groupe de travail dont on admire la patience et l’enthousiasme à sauver de l’oubli tous ces combattants, continue à collecter photographies, cartes postales et tous documents relatifs à ces soldats
inscrits au monument aux morts. Il en est de même dans toute la France ou la mobilisation est générale pour ces collectes. Foch n’a-t-il pas dit si justement que :
« les peuples ne perdent la vie que lorsqu’ils perdent la mémoire. »
Rappelons-nous
Le 11 novembre 1918, à 11h, les clairons sonnaient le cessez-le-feu tout au long de la ligne de front, mettant fin à 4 ans d’une terrible guerre. Mais les conflits n’ont
cessé depuis et dorénavant, le 11 novembre devient rassembleur avec l’hommage « à tous les disparus de tous les combats de toutes les guerres en quelque lieu ou quelque temps que ce fut ».